Au premier jour de l'Aid (Vidéo)

Depuis très tôt ce matin, il flotte une odeur tenace dans les rues de Tanger. Celle de la chair, des os et de la laine en train de brûler. Elle participe entièrement à l'ambiance de fête, c'est le premier jour de l'Aid. Partout dans la ville, des barbecues sont allumés. Dans le quartier des ferronniers, c'est dans les forges que l'on prépare les têtes et les pieds de moutons. On réserve ces morceaux pour le lendemain, avec le couscous. Pour le moment, les têtes écornées sont dans le feu, embrochées avec une tige métallique à travers le museau.

Il y a du sang, par terre et sur les gens. Les sacrifices ont commencé à l'aube, après la prière de l'Aid. Les moutons sont égorgés dans la rue ou sur les terrasses des maisons. La tête est coupée la première. De l'air est soufflé à la pompe ou à la bouche entre la chair et la peau, pour mieux la retirer. On sort ensuite le foie, l'estomac, les poumons et le cœur de la bête. C'est ce que l'on mange en premier. Les morceaux de viande n'ont pas le temps de refroidir qu'ils sont déjà coupés et piqués sur les brochettes.

Une réjouissance pour tous

Dehors, c'est la cohue. Beaucoup de mouvements, de bruits. Les uns amènent leurs têtes ou leurs pieds au barbecue ou alors les remmènent à la maison, dégarnis de poil et bien grillés. D'autres passent avec les derniers moutons encore vivants. Tous se saluent, se rencontrent, s'arrêtent. C'est comme si l'on avait mis pause sur le cours de la vie normal. Les boutiques sont presque toutes fermées. Cette fête réjouit tout le monde.

Chaque famille a dépensé une grosse somme d'argent pour acheter un ou plusieurs moutons. Pendant quelques jours, ils étaient nourris au foin, devant les maisons, au rez-de-chaussée ou sur les terrasses. Pendant trois jours, les foyers se délecteront de la magie qui opère lors de telles célébrations et d'un mouton qu'ils ont vu vivre, qu'ils ont tué et dont la viande a été préparée de leurs mains.

Aid moubarak said à tous les musulmans !