Qui peut rouler à l’huile de friture ?
Utiliser les huiles alimentaires usagées comme carburant présente des avantages environnementaux et sociaux. Pourtant, ceux qui tentent l’aventure se heurtent souvent au refus des autorités. Ces dernières n’autorisent à rouler à 100% d’huile que les agriculteurs et … le transporteur de McDonald’s !
Le code des douanes est clair. Les huiles alimentaires usagées (HAU), comme les huiles végétales pures (HVP), ne figurent pas sur la liste des carburants autorisés en France. Il est donc interdit de rouler à l'huile, même si dans les faits, on ne risque pas grand-chose car une directive européenne reconnaît ce droit depuis 2003. Mais dans ce flou juridique, il existe quelques exceptions à la législation française. Les agriculteurs ont le droit d'utiliser dans leurs tracteurs de l'HVP à condition qu'ils aient produit les plantes dont l'huile est issue. Le B30 (30 % d'HVP dans le diesel) est autorisé pour les entreprises et les collectivités qui disposent d'une flotte captive (approvisionnée avec une cuve dédiée) et qui ont passé un contrat avec un distributeur de carburant. Mais surprise, au fil des recherches, il est apparu qu'une seule entreprise, Martin Brower, pouvait légalement faire fonctionner une partie de ses camions avec un carburant sans gazole, provenant à 100% d'huiles alimentaires usagées. La Direction Générale du Climat et de l’Energie (DGEC) le confirme, « c'est la seule dérogation autorisant l'utilisation du B100 ». L'heureux bénéficiaire est l'entreprise qui livre tous les McDonald's de France.
La chaîne de fast-food est certes bien placée pour récupérer de l'huile de friture usagée, mais il est dommage qu'elle soit la seule à en profiter. Le gisement national des huiles des industries agroalimentaires et de la restauration est estimé entre 100.000 et 150.000 tonnes par l’Ademe, « dont seulement 20 % seraient collectés chaque année, le reste allant dans les réseaux d’assainissement », peut-on lire dans un rapport de l'agence daté de 2007. Faute d’une filière de collecte efficace, de nombreux restaurateurs préfèrent jeter leurs huiles usagées directement dans l'évier. C'est facile, mais polluant et cher. Un litre d’huile recouvre 1.000 m² d’eau et endommage les canalisations. Sur l’île d’Oléron, le débouchage des égouts coûtait ainsi 10.000 € par an aux contribuables. Désormais, il ne coûte plus rien, grâce à une association qui s'est lancée dans le recyclage de l'huile en biodiesel. Car oui, « tout le monde peut rouler avec un déchet qui, en plus, n’encombrera plus les poubelles ni les égouts », assure Romain, de l’association Roule Ma Frite 17 (RMF17), qui a collecté 22.000 litres d’huile l’an passé et en a transformé 18.000 litres en carburant.
Refus pour la navette sociale
Entre 2009 et 2011, RMF17 fournissait de l'huile décantée et filtrée au petit train touristique de l’île, qui carburait avec un mélange de 30 % de HAU et 70 % de fioul. Une belle opération écologique qui a permis de fédérer les pouvoirs publics, les collectivités et les restaurateurs. Forte de ce succès, RMF17 souhaite aller plus loin et annonce en 2012 le projet d’une navette sociale « La Barquette », qui pourrait rouler au B100. Dans un courrier adressé aux ministères concernés, la préfète de Charente-Maritime défend cette expérimentation et indique que « la mise en place de ce "taxi social" permettrait de favoriser le transport collectif des demandeurs d’emploi pour se rendre à l’antenne de Pôle Emploi et aux personnes âgées et bénéficiaires des CCAS (Centre Communal d'Action Social) isolés de se déplacer ». Voilà donc une belle idée soutenue par des acteurs très divers. Mais la transformation d’un déchet en source d’énergie n’est, semble- t-il, pas toujours du goût des plus hautes instances de l'État. La DGEC et les Douanes n’ont pas accordé de dérogation pour « La Barquette ». Ces mêmes services avaient pourtant validé l’expérimentation sur le petit train quatre ans plus tôt.
Le refus est justifié par des raisons administratives, douanières et fiscales. La DGEC ajoute qu’elle n’est « pas favorable à l’utilisation d’HAU dans un véhicule particulier effectuant du transport de personnes ». La lettre de refus indique également que si une exonération de la TICPE était accordée (43 centimes d'euros/litre de gazole, anciennement TIPP), « cela créerait une situation de concurrence déloyale, notamment vis-à-vis des taxis professionnels de l’île d’Oléron », bien que les publics visés ne soient pas exactement les mêmes et que les taxis bénéficient déjà d'une réduction de la TICPE. Pour un membre de RMF17, « le déni, une mauvaise volonté et un système administratif figé » expliquent ce refus. Difficile de ne pas leur donner raison ; la DGEC indique que les études « n’ont pas démontré de bénéfice environnemental (qualité de l’air) significatif de l’usage des huiles comme carburant de substitution », alors que plusieurs, dont celle de l’Ademe, affirment le contraire.
Un laboratoire indépendant a ainsi mesuré les rejets atmosphériques du petit train de l’île d’Oléron. Les conclusions démontrent que les émissions de gaz sont beaucoup moins importantes quand des HAU sont incorporées au carburant classique. Un mélange à 30 % de HAU permet « une diminution très significative » des émissions de monoxyde de carbone, d'oxyde d'azote, de CO2 et de méthane à la sortie du pot d’échappement. De plus, le CO2 dégagé par la combustion ayant été absorbé par la plante oléagineuse durant sa croissance, il n’y a pas d’augmentation de l’effet de serre, contrairement à la combustion d’énergie fossile qui recrache dans l'atmosphère du CO² emprisonné sous terre pendant des millions d’années. Enfin, le bénéfice écologique est encore augmenté, car il ne faut pas oublier qu’il s’agit de déchets auxquels on a assigné une nouvelle vie.
Sans forcément le savoir, les automobilistes consomment déjà du biocarburant. Selon la DGEC, le taux d'incorporation des biocarburants dans les carburants routiers était de 6,84 % en 2011, sous forme d'éthanol pour l'essence ou de biodiesel. Ce dernier serait incorporé à hauteur de 5 % dans le diesel vendu en station-service. Ces deux carburants sont très majoritairement produits à partir de matières premières agricoles (essentiellement le colza), dans le but de réduire la dépendance énergétique de la France aux carburants d'origine fossile. Tant pour la concurrence entre cultures énergétiques et alimentaires que pour la déforestation engendrée dans d'autres pays, ce choix pose des problèmes, surtout que de fortes quantités de produits chimiques sont utilisées pour la croissance des plantes destinées à produire du carburant. Il ne faut donc pas confondre les agro-carburants avec le biodiesel issu du recyclage des huiles alimentaires.
91 % de CO2 en moins
Pour utiliser les HAU comme carburant, deux techniques sont possibles, l'une artisanale, l'autre industrielle. La première implique un réseau de collecte et de distribution en circuit court, et peut être mise en place très facilement (voir ci-dessous). Pour la deuxième, des grands groupes comme Veolia se chargent de transformer les HAU en ester méthylique d'huile alimentaire usagée (EMHAU). Dans son rapport de 2010 sur les biocarburants, l'Ademe estime qu'une voiture équipée pour rouler à 100 % avec de l'EMHAU permet de baisser l'utilisation d'énergie primaire non renouvelable de 81 % et les émissions de CO2 de 91 % par rapport à une alimentation en gazole. La fabrication d'EMHAU est obtenue par une opération dite de transestérification avec du méthanol et d'autres produits qui facilitent la réaction. « Veolia travaille avec Total, ils utilisent à fond la chimie et appellent ça du biodiesel. C'est du greenwashing », critique un membre de RMF17. Si l'EMHAU émet moins de poussières que les HAU simplement filtrées, il engendre des émissions plus importantes d'oxydes d'azote et de monoxyde de carbone. Le procédé même de fabrication est polluant et centralisé, ce qui implique de longs transports en camions et d'immenses infrastructures.
Il n'est pas question de faire fonctionner l'ensemble du parc automobile avec les HAU, cela serait impossible, même avec des HVP. Mais le stock d’huile usagée disponible devrait être valorisé localement, sans passer par les multinationales. Pour RMF17, « l'huile est un outil social au service de la mobilité ». L'interdiction de « La Barquette » n'a pas freiné l'ambition des « huileux ». Melvin est en train de monter une antenne de RMF pour récupérer l'huile de friture à Saintes. « Plus on sera présent et plus on aura de poids pour engager un débat ». Certains s’organisent eux-mêmes pour rouler moins cher et plus écolo. Dans le sud, Jules récolte de l’huile auprès de restaurateurs, « des tournées de 200 litres par semaine », assure-t-il. De quoi alimenter un véhicule, un tracteur et un camion de livraison sans problèmes.
En pratique :
Que dit la loi ?
- Rouler à l’huile n’est pas autorisé en France mais une directive européenne le permet. Seuls les douaniers peuvent contrôler mais ils ne le font que très rarement.
- Si jamais cela arrive, il est conseillé de ne pas payer l’amende forfaitaire (150 €) ni les taxes supplémentaires et attendre une convocation au tribunal. Les douanes perdent systématiquement le procès devant la Cour de justice européenne.
Comment préparer son huile ?
- Trouvez de l’huile de friture usagée et la laissez décanter une à deux semaines dans des bidons. Percez le fond de deux poubelles avec des petits trous. Munissez-vous d'un filtre grossier, un drap par exemple, et d'un filtre fin, qui peut être un tissu spécial ou un filtre à café (qui filtre à 5 microns, comme les filtres gasoil).
- C’est une filtration par gravitation. Il faut monter les trois poubelles les unes sur les autres (celles qui sont percées au-dessus) et fixer les filtres entre les poubelles, le filtre grossier en haut. L’huile qui tombe au fond de la dernière poubelle est prête à être utilisée.
- La qualité de la filtration déterminera la qualité de l’huile. Une huile mal filtrée peut endommager la pompe à injection et encrasser le filtre à gasoil.
Pour quels véhicules ?
- Tous les anciens véhicules diesel sont capables de tourner avec 30 % d’huile alimentaire usagée dans le réservoir en été et 15 % en hiver. Après quelques modifications, même les modèles récents seront capables de carburer à 100 % d’huile de friture.
- Sans modification, les moteurs à injection indirecte disposant d’une pompe à injection de marque Bosh peuvent monter jusqu’à 70 % en été et 30 % en hiver. Avec les pompes de type Lucas ou Delphi, il est conseillé de ne pas dépasser 10 % en hiver et 30 % en été.
- Installer un réchauffeur avant la pompe à injection permet de fluidifier l’huile donc d'augmenter le pourcentage incorporé. Pour rouler à 100 %, il faut installer un kit de double carburation (huile et gasoil).
Commentaires
Tout ça est exact sauf un
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et ou trouve ton un
bonjour je voudrais
aider moi a rouler a l huile
Kit de transformation
poches filtrantes pour l'huile, biodiesel
hachat de poche
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type de diesel pouvant accepter un kit pour passer a 100 %
Oui aller voir sa ;)
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