Dans bien des domaines, Kasserine est vraiment une ville pauvre. Avec 40% de sa population au chômage, il est difficile de dire le contraire. Les infrastructures font cruellement défaut, il n'y a guère que le centre-ville qui dispose d'une route à peu près convenable. La ville dispose pourtant de nombreuses ressources, comme l'alfa, plante dont on se sert pour fabriquer du cellulose. Il y a du marbre et des vestiges romains importants. Toutes ces richesses s'en vont ailleurs, à Tunis et sur les côtes tunisiennes. En marginalisant Kasserine, le pouvoir voulait sans doute punir une région éternellement rebelle. Le dernier cinéma de cette ville de 100 000 habitants a fermé il y a quelques années.
Toutes les révolutions et les soulèvements qu'a connus la Tunisie ont commencé ici. Si les richesses ne sont pas mieux distribuées, les habitants se révolteront une nouvelle fois. Contrairement à la mauvaise réputation dont souffrent les kasserinois, je n'y ai vu que des gens extrêmement gentils et accueillants. Un dicton dit que l'on pleure une fois que l'on va à Kasserine et que l'on pleure quand on la quitte.
Du sols au plafond, tout a été pillé, saccagé et brûlé. Même le carrelage à disparu... Des graffeurs ont investi les lieux et ont entièrement repeint plusieurs maisons appartenant à la famille Trabelsi, celle de la femme de Ben-Ali. Ils étaient très connus pour leurs goûts du vol et du racket... Celle-ci se situe vers Marsa, à quelques kilomètres de Carthage.