Le dernier édito

C’est dommage, on venait de trouver notre « devise ». Celle qui se trouve pour la seconde fois seulement en Une, sous notre titre. « Le magazine des luttes et des utopies » disparaît donc avec ce numéro, le vingtième et le dernier. Nous présentons nos excuses à ceux qui pensaient que l’on pourrait continuer, à ceux qui seront déçus et, de manière générale, à tous nos lecteurs et à toutes nos lectrices. Cette décision n’a pas été simple, mais elle s’imposait à nous. Les difficultés sont devenues insurmontables. Nous clôturons ainsi, non sans remords ni regrets, plus de cinq ans d’enquêtes et de reportages, de rencontres riches et variées, de découvertes éblouissantes.

Un faisceau de causes nous pousse à arrêter. L’appel combiné de la route et du journalisme, l’idée de base de cette folle aventure, s’érodait au fil du temps. Sans jamais renier le terrain, nous étions moins itinérants, plus casaniers. Le temps que nous avons voulu retrouver pour exercer notre métier dans les meilleures conditions possibles nous a fait défaut. Entre la gestion des abonnés et des points de vente, le recueil d’informations, la coordination des dossiers, les déplacements, l’écriture, la relecture, l’édition, la mise en page, l’alimentation du site Internet, des réseaux sociaux, l’administratif, les salons et autres foires où nous essayions de nous faire connaître les week-ends, nous n’avions plus beaucoup d’occasions de souffler... Au bord de l’épuisement, nous avons pu mesurer les limites de notre liberté.

Le nombre d’abonnés a toujours été en très légère progression, mais vous n’étiez pas assez nombreux pour assurer la survie d’un magazine qui ne rentrait pas dans les cases pour bénéficier des aides directes à la presse, qui refusait la publicité et qui n’a pas développé d’autres moyens de gagner de l’argent que les ventes du journal. Sans perspectives claires d’avenir, en espérant - pour le mieux - nous partager des contrats de moins en moins aidés et sans garantie de renouvellement, ne pouvant nous permettre de rémunérer convenablement nos partenaires pour nous épauler solidement dans nos tâches, nous étions condamnés. Lutopik ne tenait que par l’énergie quasi bénévole que nous y consacrions. Nous n’avons pas voulu imposer, ni à nous ni à vous, une campagne de dons ou d’abonnements qui aurait peut-être réussi à faire reculer l’échéance.

Pour nous il est trop tard, mais si un ou plusieurs médias vous tiennent à cœur, ne retardez pas votre soutien. Si vous le pouvez, aidez-les, parlez-en. La situation n’est pas la même pour tous, il existe de rares exceptions, mais la plupart des titres indépendants sont dans une situation de détresse quasi permanente. Quant à nous, nous partons la tête haute, fiers de ce que nous avons accompli, d’avoir su garder l’exigence d’un travail que l’on espérait de qualité la plupart du temps malgré notre précarité. Le chemin s’arrête, mais vous pouvez encore revenir en arrière en nous commandant nos anciens numéros (voir p.28). Chacun pourra également en profiter sur le Net, où nous mettrons en ligne l’intégralité de notre production prochainement.
Nous remercions toutes celles et tous ceux qui ont participé à Lutopik et tous les auteurs des petits mots gentils qui nous ont aidés à tenir, des encouragements qui nous donnaient le sentiment de ne pas faire ça pour rien. Et c’est grâce à vous tous, lecteurs et lectrices, d’un jour ou de toujours, que nous avons pu vivre un itinéraire unique.  Il se poursuivra, ailleurs, et peut-être aurons-nous l’occasion de nous croiser de nouveau !

Note aux abonnés :  Si vous n'êtes pas arrivés au terme de votre abonnement, vous avez du recevoir une feuille avec le magazine. Nous vous proposons un remboursement au prorata du nombre de magazines que nous devions encore vous envoyer, l’envoi d’anciens numéros pour compenser ceux que vous n’aurez pas  ou… rien si vous ne nous répondez-pas. 

 

Pour commander ce dernier numéro, ou les plus anciens, c'est ici.