Edito #15 et sommaire

L’Homme est un animal doté d’une grande capacité d’adaptation : nous nous étalons presque partout, des glaces jusqu’aux déserts de sable. Dans les territoires colonisés, la nature est transformée. Forêts, parcelles agricoles, zones urbaines : tout l’espace est agencé. Depuis quelques centaines d’années, les humains se sont considérablement développés au détriment du monde animal, qui lui, décline dramatiquement. Il est désormais admis que les activités humaines opèrent un tel bouleversement que nous avons donné notre nom à la nouvelle ère géologique : l’anthropocène. Nous sommes directement responsables de la sixième extinction des espèces en cours, dont nous serons peut-être aussi les victimes.

La Terre est marquée par les Hommes, qui parviennent même à épuiser les poissons de la mer. Les prédateurs, qui pourraient nous tuer d’un coup de patte ou de griffes, ont presque tous été éradiqués et nous avons très vite exploité d’autres espèces pour notre confort. Il est plus facile d’avoir du bétail dans son champ que de chasser du gibier sauvage. Dans sa lancée, l’Homme a sélectionné les individus selon les critères qui lui convenaient le mieux, jusqu’à fabriquer des animaux disproportionnés, tout en muscles, en mamelles ou en laine. Nous les avons transformés au point qu'ils ne pourraient survivre dans leur milieu naturel. Et par là même, nous avons aussi perdu peu à peu ce lien avec la nature.

La quantité phénoménale de viande ou de produits d’origine animale ingurgitée dans nos sociétés modernes va de pair avec l’industrialisation de l’élevage, de la mise à mort et des préparations alimentaires. Ce changement d’échelle ne facilite pas la connexion entre notre assiette et les animaux, et encourage par la publicité des régimes alimentaires trop carnés et des souffrances inutiles. Certains éleveurs font l’effort d’accorder une vie plus heureuse à leurs bêtes, mais la finalité reste la même, et ils ne représentent qu’une infime partie de la production de viande. Du côté des consommateurs, certains font le choix de la qualité, de la rareté, voire de la complète abstinence. Ce choix est devenu possible avec la capacité de fabriquer la vitamine B12, indispensable à l’Homme et disponible dans la nature uniquement dans les produits d’origine animale.

Depuis quelques dizaines d’années, de plus en plus de gens prennent la mesure des dégâts engendrés par l’Homme sur le reste du vivant et des voix s’élèvent pour réclamer l’abolition de l’exploitation animale sous toutes ses formes. Elles invoquent un niveau de conscience ou de morale supérieures pour bouleverser radicalement des habitudes de vies ancestrales. Car pour les défenseurs de la cause animale, et selon une phrase attribuée à Gandhi, « on reconnaît la grandeur et la valeur d’une nation à la manière dont elle traite ses animaux ».

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Sommaire du numéro 15, Été 2017

Page 4 : Sur les routes de la philo
À bord de la Philomobile, son camion jaune, Laurence Bouchet propose de la philosophie dans les villes et les villages. À l’opposé du cours magistral, la pratique que propose cette disciple de Socrate repose sur le questionnement et l’échange, pour permettre à chacun·e de prendre conscience de sa posture existentielle et d’avancer des arguments dans la discussion.

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Dossier Animaux

Page 6 : Des animaux et des hommes

Page 8 : « Tant que l'animal reste une propriété de l'homme, comment le protéger ? »
Grand entretien avec Florence BurgatFlorence Burgat, philosophe et directrice de recherche à l'INRA, auteure de nombreux ouvrages sur la cause animale. Végane, elle défend la possibilité d'une alimentation sans produits carnés et travaille notamment sur la condition animale dans les sociétés industrielles.

Page 12 : Vers un antispécisme politique et social ?
Apparu au cours des années 1970, l’antispécisme dénonce la domination des humains sur les  autres espèces animales. Pour les antispécistes, ce principe de philosophie morale doit devenir un enjeu de société, dans laquelle toute forme d’exploitation des animaux serait abolie.

Page 14 : L'utopie végane
Depuis que l’on sait fabriquer des compléments alimentaires, comme la vitamine B12, il est tout à fait possible de ne pas consommer de produits d’origine animale et de suivre un régime végétalien, sans viande ni laitage. Mais à quoi ressemblerait la Terre si tout le monde devenait végane ou antispéciste ?

Page 18 : Élevage intensif : quand le lien éleveur-animal se perd
Le rapport affectif aux animaux est souvent ce qui a motivé les éleveurs à se lancer dans le métier. Mais avec la généralisation de la mécanisation et de la robotisation, le contact s’est raréfié, au détriment de l’animal, de l’Homme et du lien qu’ils pourraient tisser ensemble.

Page 20 : Loups et éleveurs peuvent-ils cohabiter ?
Depuis le retour du loup en France au début des années 1990, les attaques contre les troupeaux d’élevage se multiplient. Les relations entre l’animal et le monde pastoral sont délicates et des mesures sont prises pour permettre aux éleveurs de poursuivre leur activité tout en préservant le grand prédateur.

Page 24 : Abattage, le tabou de l'élevage
Souvent élevés pour être tués, la plupart des animaux de ferme finissent à l'abattoir. Mais très peu de gens, y compris parmi les éleveurs, savent ce qu’il se passe derrière ces murs. Suite aux vidéos choquantes tournées clandestinement par l'association L214, le débat sur l’abattage a surgi, et un projet de loi est à l’étude pour améliorer les conditions de mise à mort des animaux dans ces lieux, tandis que des éleveurs essayent de développer des alternatives à l'abattoir.

Page 30 : Combats de coqs : la cruauté par tradition
Dans le Nord et le Pas-de-Calais, les combats de coqs sont encore autorisés au nom de la tradition. Malgré la baisse du nombre de coqueleux, les éleveurs de coqs, la vingtaine de gallodromes encore en activé accueille régulièrement un public de passionnés.
 

Page 32 : La chasse, entre régulation et déséquilibres
La chasse est souvent l’objet d’un débat passionné entre ses opposants et ses partisans. Les premiers dénoncent sa responsabilité dans l’augmentation du nombre de gibiers, des méthodes cruelles et un impact négatif sur la biodiversité. Les chasseurs réfutent ces accusations et soulignent leur rôle de régulation et de contrôle des populations pour permettre aux activités humaines d’exister aux côtés de la faune sauvage.

Page 35 : Quand ils arrivent en ville
Pigeons, rats, abeilles, cigognes, mais aussi renards, sangliers, chevreuils, chamois... L’espace urbain est de plus en plus occupé par les animaux sauvages. Cette cohabitation avec les humains demande une adaptation de la part des villes pour gérer les intrusions de mammifères et éviter la prolifération de certaines espèces invasives.

Page 37 : Compagnons de vie
Témoignage.

Page 38 : La zoothérapie en quête de reconnaissance
Malgré des résultats indéniables sur le bien-être de personnes en souffrance, la zoothérapie, ou médiation animale, est une discipline qui manque de reconnaissance et peine à s’imposer dans le milieu médical français.

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Page 40 : Portfolio : à cuba
VIÑALES, vallée sans chimie

Page 44 : Mineurs étrangers : dans l'attente d'une vie nouvelle
Dans la Vienne, comme ailleurs en France, l’afflux continu de mineurs isolés étrangers, de plus en plus nombreux chaque année, a dépassé les services de l’État. À Poitiers, l’association Min'de Rien leur vient en aide et les soutient dans leurs démarches.

Page 47 : Le coin des copains

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Petit dossier drogue
 
Page 48 : Vers une nouvelle politique des drogues
La politique internationale en matière de drogues se donne l’objectif ambitieux d’un monde sans drogue. Mais ni l’interdit, ni les discours moralisateurs, ne sont parvenus à empêcher, ou même à freiner, la consommation de substances illicites. La guerre à la drogue est inefficace et la prohibition engendre de nombreux problèmes. Les partisans d’une autre approche dénoncent la criminalisation des usagers et prônent une réglementation pour limiter le trafic et les risques pour les usagers.

Page 52 : Le cannabis, une répression facile et dogmatique
Ceux qui subissent le plus la prohibition des drogues en France sont les millions de fumeurs de cannabis. Alors que de nombreux pays ont autorisé son usage thérapeutique, et que d’autres le légalisent ou le dépénalisent, la France s’apprête elle aussi à changer sa politique. Mais pour donner des contraventions aux consommateurs…

Page 55 : « On peut avoir envie de drogue sans forcément en avoir besoin »
Entretien avec Vincent Benso, sociologue et membre de l’association Techno+, qui mène depuis 1995 des actions de réduction des risques et d’information sur les substances psychoactives dans les milieux festifs. Il nous livre ici une petite histoire des drogues et nous explique qu’elles ont accompagné l’humanité depuis ses origines.