entretien

André Grimaldi : "Nous avons un bon système de soins, mais notre système de santé publique est médiocre"

Selon le classement de l’OMS, la France est au 15e rang mondial pour son système de santé. Elle était 1ère en 2000. Comment interpréter ce recul ?

Il y a matière à discussion sur les critères de jugement, qui comprennent beaucoup de choses : l’accès aux soins, la qualité, la prévention, les remboursements, etc. Ce qui est sûr, c’est que la France reste première ou deuxième avec le Japon pour ce qui est de la mortalité évitable grâce à un très bon système de soins construit historiquement. Chaque année, on réalise ainsi 6.000 greffes d’organes, de reins, de cœurs, de foies, de poumons. Ce sont des avions qui décollent, des équipes de transplantation, des prélèvements d’organes, tout ça arrive en temps et en heure, c’est une chaîne absolument fabuleuse. Mais en termes de prévention de comportements de soins, nous sommes très mauvais. La France est très mal placée parmi les pays de l’OCDE sur deux critères : les inégalités sociales de santé, qui tendent à s’accroître, et la mortalité évitable avant 65 ans liée à des comportements de santé, comme le suicide, les accidents de voiture, le tabagisme, le sida, la moitié des maladies cardiovasculaires liées aux habitudes alimentaires, etc.
Dit autrement, notre système de soins reste globalement très bon. Mais notre système de santé publique est en revanche très médiocre. En matière de tabac, par exemple, c’est un échec. On parle beaucoup de perturbateurs endocriniens, de pesticides, de pollution, qui ont des répercussions importantes. Mais 80.000 morts sont dus au tabac chaque année !