énergie

L'autonomie à fleur d'eau

De par leur isolement, les îles sont des territoires propices au développement de solutions d'autonomie énergétique. Si aucune en France n'est encore autonome, plusieurs se sont lancées dans l'aventure des énergies renouvelables. Zoom sur les îles bretonnes du Ponant, situées sur la façade atlantique.

« Il y a eu une marée noire pendant que je faisais mon service militaire. On déversait de la craie sur les nappes de pétrole pour le couler. Quelques années après ça, je ramassais encore des crabes qui avaient la gueule noire car ils mangeaient le pétrole tombé au fond de l'eau », raconte François Spinec. Cet ancien marin-pêcheur a passé toute sa vie sur l'île de Sein, au large de la pointe du Raz. Entre les marées noires et l'élévation du niveau des mers, il a développé une « sensibilité à l'écologie », comme il aime le dire. Le déclic pour agir a eu lieu en 2008, lorsqu'une  grosse tempête a provoqué des dégâts. « On a vraiment pris conscience des effets de la montée des eaux provoquée par les émissions de CO2. Sur l'île,  dont l'altitude moyenne est de 1,50 m, toute notre électricité provient du fioul, c'est lamentable ».  

" Donner la possibilité aux gens d’être plus responsables de leur consommation d'énergie "

Indépendance énergétique de la France, développement des énergies renouvelables, programme de réduction des consommations, loi sur la transition énergétique… L'ingénieur et économiste Benjamin Dessus dénonce la politique énergétique de la France et regrette que les citoyens soient systématiquement mis de côté.

 

Avec son important parc nucléaire, la France se targue de son indépendance énergétique. Qu’est-ce que cela signifie ?
L’indépendance énergétique est le rapport entre l’énergie que l’on produit chez soi et celle que l’on consomme chez soi. En France, puisqu’on a toujours considéré que l’énergie produite dans nos centrales nucléaires était française, et qu’on en fabrique beaucoup, on se targue d’une indépendance énergétique élevée. Mais c’est complètement faux, car l’uranium n’est plus du tout produit en France depuis une vingtaine d’années. Certes, l’uranium compte peu dans le coût de fabrication de l’électricité nucléaire. Sur 55 centimes d’euro le kWh nucléaire, le combustible ne représente qu’à peine 10 %, soit 5 ou 6 centimes. Il est également plus facilement stockable que le pétrole. Mais il n’empêche qu’on est complètement dépendants de l’approvisionnement en uranium. Si le Nigeria ou le Kazakhstan décident de ne plus nous en vendre, on n’en a plus.
Si l’on s’en tient à la définition même de l’indépendance énergétique, on est donc, en France, plutôt au niveau de 9 % (grâce aux énergies renouvelables) que de 50 % comme l’affirment les chiffres officiels. On a même perdu en indépendance depuis 30 ans, car on ne produit plus du tout de charbon depuis les années 80.

Redonner vie à l’hydroélectricité

Au sein d’Ercisol, une société à statuts coopératifs, les actionnaires ont décidé d’investir dans les énergies renouvelables de proximité pour montrer qu’une autre électricité est possible. Ils ont notamment acheté et remis en activité des petits barrages hydroélectriques abandonnés.

 

Autoconstruire son système énergétique

Dans la Vienne, l’association l’Atelier du soleil et du vent organise des formations pour apprendre à construire des systèmes basés sur les énergies renouvelables. Fours, éoliennes ou encore séchoirs solaires sont pour beaucoup de participants la première étape d’un processus d’auto-suffisance énergétique.

Energie : en quête d'autonomie

Dans un contexte de réchauffement climatique lié à nos émissions de gaz à effet de serre, et alors que le prix de l’énergie fossile et nucléaire est condamné à augmenter, les projets d’autonomie énergétique apparaissent de plus en plus pertinents. À l’échelle d’une maison, d’une île, d’un village ou d’un territoire, partout, des citoyens s’engagent dans la voie de la production d’énergies renouvelables, avec des ressources disponibles gratuitement et en abondance.