Edito #16 et sommaire

Alors que l'on passait l'été à travailler sur ce 16ème numéro, les orteils dans le sable chaud des déserts médicaux, entre deux plongeons dans les remous de la tarification à l'acte, l'annonce de la fin des contrats aidés nous a porté un sacré coup au moral. C'est une nouvelle douche froide pour Lutopik qui venait d'essuyer un refus à sa demande d'aide sollicitée au titre du soutien à la presse d'information sociale de proximité. Nous avions pu en bénéficier il y a trois ans, lors de sa mise en place. Elle nous était déjà passée sous le nez la deuxième année au motif que notre publication était nationale. Pour compenser, nous avions déposé une demande exceptionnelle de subvention auprès de la Direction régionale des affaires culturelles de Franche-Comté qui avait été acceptée. Nous avions meilleur espoir cette année pour le fonds de soutien, à tort. Nous passerons donc très certainement l'année sans aide.

La faible diffusion que nous avons, tirage à 1.400 exemplaires, à peine moins de 500 abonnés, une présence dans une petite centaine de points de vente et sur quelques marchés ou festivals, ne nous permet pas de sortir la tête de l'eau. Nous avons fondé le magazine il y a plus de quatre ans par passion pour le journalisme, pour avoir la liberté d'écrire sur les sujets qui nous semblent pertinents et y consacrer tout le temps que nous voulions. Les ventes du premier numéro ont suffi à assurer celle du deuxième, et ainsi de suite. Cela nous permettait de poursuivre bénévolement l'aventure. Les aides publiques que nous avions reçues, 5.000 € deux années de suite, nous ont permis d'embaucher en contrat aidé l'un des deux fondateurs. L'année suivante, nos ressources propres nous permettaient tout juste de salarier une autre personne, elle aussi en contrat aidé. Nous sommes actuellement trois à nous consacrer exclusivement au magazine, dont un au RSA depuis le début.

La fin des contrats aidés sonne pour nous comme un retour à la précarité, que nous n'avons jamais vraiment quittée. Cette décision met aussi en jeu notre survie. Nous ne sommes pas les seuls dans cette situation, la politique menée par Macron et son gouvernement vont déstabiliser un nombre considérable de petites associations comme la nôtre. Le chemin de l'austérité générale, imposé à la population comme aux services publics, est intolérable. Il nous parait d'autant plus indécent que d'autres en profitent grassement. La ministre du Travail, qui coordonne l'affaiblissement de son Code, a touché plus d'un million d'euros en vendant les actions du groupe Danone alors qu'elle mettait en place une vague de licenciement. Le montant des dividendes atteint des records. Plus de 52 milliards d'euros ont été versés aux actionnaires du CAC 40 pendant le premier semestre ; c'est 26 % de plus en un an et cela représente les deux tiers des bénéfices de ces entreprises. Pendant que le revenu des ultras-riches augmente, on apprend que 3.250 ménages français cachent à eux seuls 140 milliards d'euros dans les paradis fiscaux. Et avec la baisse de l'ISF, ils paieront encore moins d'impôts sur ce qu'ils consentent à déclarer, etc..

Il devient difficile de penser que cette situation puisse tenir encore longtemps. La colère gronde et c'est à l'arrogance du pouvoir qu'elle se confronte. Macron souhaite la révolution, comme l'annonce le titre de son livre programme, et en cela, nous le rejoignons, mais ce n'est pas à la même que nous aspirons. En attendant, vous êtes les seuls à pouvoir nous aider à poursuivre notre part de résistance. Faites tourner vos Lutopik, abonnez vos amis !

Vous pouvez commander votre numéro (5 €) ou vous abonner (20 €, ou 30 € l'abonnement soutien) sur cette page.

Sommaire

p.4 Initiative : Une ressourcerie multi-services

p.6 Dossier : Système de santé en souffrance

                Entretien avec André Grimaldi

                La promotion bien rodée des médicaments

                L'hôpital au bord du burn-out

               Témoignages : "On sépuise complètement"

               Salarié ou sociétaire : quand le médecin réinvente son métier

              Lyme : une controverse au détriment des malades

              Vaccins : le débat fait rage

p.30 Portfolio : Admirez le travail !

p. 34 A Bure, le sabotage est un acte politique assumé

p. 38 Dossier pub

                Ras la pub !

               Descente anti-pub dans le métro

               Entretien avec Yvan Gradis

p.48 Australie, une terre et des peuples menacés