A la périphérie des villes, il faut souvent suivre le panneau « déchèterie » pour découvrir les aires d’accueil des Gens du Voyage. Eux les appellent des « terrains désignés » ou des « camps ». Elles en ont souvent tous les attributs : gardiens à l’entrée, grillage autour et généralement, grande pauvreté à l’intérieur.
« Ici, c’est le Moyen-âge, on n’a même pas d’endroit pour faire à manger », se désespère la jeune Kelly Adolphe au milieu de l’aire d’accueil de Dole. Sa famille circule dans le périmètre depuis plusieurs générations, « notre pays » dit-elle. N’ayant plus les moyens de voyager, ils cherchent maintenant à se fixer. Après plusieurs expulsions, ils sont revenus il y a quelques mois vivre sur une aire qui n’a d’accueillante que le nom : barrière et local poubelle à l’entrée, marquage au sol pour délimiter les emplacements, lampadaires qui n’éclairent pas la nuit et quelques blocs sanitaires posés sur le bitume. Dans les toilettes, plus aucune chasse d’eau ne fonctionne et seules trois douches sont utilisables. Et encore : « Elles ne ferment plus et on ne peut pas régler la température. Il n’y a que de l’eau chaude. On se crame ». Sans compter que les cabines ne sont pas équipées de chauffage pour l’hiver.